ENZO
G. CASTELLARI
Né
le 29 Juillet 1938 à Rome (Italie)
BIOGRAPHIE
Fils
du réalisateur Marino Girolami,
vétéran du cinéma d’exploitation
transalpin ayant signé beaucoup de comédies
polissonnes avec l’actrice Edwige Fenech,
mais dont le film le plus célèbre
demeure le film d’horreur gore La Terreur
des zombies, Enzo G. comme Girolami
Castellari fait partie de ces excellents
artisans ayant officié dans le cinéma
de genre. Certes il n’a jamais bénéficié
de budgets démesurés, mais en bon
bricoleur, il a toujours su donner le meilleur
de lui-même dans des œuvres qui aujourd’hui
sont devenues cultes pour des cinéastes
comme Quentin Tarantino ou Alex De
La Iglesia.
Après avoir étudié l’architecture
à l’université de Rome,
il rentre dans l’univers du cinéma en devenant
assistant de production sur des films de son père
et en 1966 sur les western 100 000 Dollars
pour Ringo et Django Tire Le
Premier d’Alberto De Martino.
Il passera par divers postes, d’assistant réalisateur
à superviseur de scripts et concepteur
de bandes-annonces avant de réaliser sa
première œuvre en 1967, un western 7
Winchester pour un massacre avec Guy
Madison, ex-figure du western US. Il signe
ce premier film, comme il était de coutume
à l’époque, sous le pseudo américanisant
d’E.G. Rowland. Très esthétisant,
bien rythmé, assez violent, ce premier
essai s’avère n’être qu’une honnête
série B sans saveur. Néanmoins on
trouve les premiers fragments d’u n style qui
fera école.
Avec
sa seconde œuvre, encore un western, il choisira
le ton de la parodie. Le titre : Je vais…
je tire… et je reviens est déjà
tout un programme. Dans le rôle principal,
George Hilton un acteur italien d’origine
sud-américaine remarquable déjà
dans Le Temps du Massacre de
Lucio Fulci. Ce film est un clin d’œil
au western Léonien avec des acteurs qui
parodient les principaux personnages de la trilogie
des dollars chère au maître italien.
Amusant mais rigoureusement mis en scène,
ce film est un excellent spectacle diablement
rythmé.
La parodie et le ton désinvolte, il y reviendra
l’année suivante avec un Aujourd’hui
ma peau, demain la Tienne beaucoup moins
rigoureux, et donc réussi que son prédécesseur.
Poussif et mal agencé, ce film possède
tout de même un atout de choix, sa distribution
avec notamment les excellents Frank Wolff
et John Saxon, formant avec le moyen
Antonio Sabato un trio genre bon, brute
et truand gentillet.
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Tuez
les tous… et revenez seul ! son film
suivant, doté d’un budget conséquent
est un excellent spectacle reprenant le concept
du film de mission genre 12 salopards.
Très spectaculaire, Enzo G. Castellari
étant un spécialiste en matière
de cascades, ce western très bien rythmé
est pour l’instant le meilleur de son auteur.
La présence dans le rôle principal
du charismatique Chuck Connors (Le
Sabre Brisé) relève un
peu plus cet excellent spectacle.
Après avoir réalisé un film
de guerre et un giallo, il reviendra au genre
en 1972 avec le très mauvais Te
Deum, un film dont il avoua récemment
regretté d’avoir engagé le grand
Jack Palance dans cette aventure douteuse.
D’un comique cabotin très lourd, sans action,
ce film est à jeter aux oubliettes.
Enzo G. Castellari est aujourd’hui surnommé
le "John Woo italien", en spécialiste,
il a toujours incroyablement su donner à
ses films un rythme soutenu par une maestria de
tous les instants. Spécialiste des cascades
plus folles les unes que les autres, les acteurs
les plus téméraires en témoigneront,
il a réussi de véritables prouesses
notamment dans ses polars, les Racket,
Action Immédiate ou autre
Témoin à abattre.
Ultra-violent, chorégraphié à
la perfection, ces polars mettent en scène
le génial Franco Néro en
inspecteur de police aux manières expéditives
qui n’est pas sans rappeler le célèbre
Inspecteur Harry. Les gunfights
et les cascades automobiles des polars de Castellari
demeurent encore aujourd’hui de véritables
modèles pour le cinéma de genre
européen.
Au milieu des années 70, la mode étant
aux comédies érotico-light, le réalisateur
ne sera pas en reste avec des titres comme La
Grande Débandade dans lequel il
dirige Aldo Maccione. Ce comique, on
le retrouvera dans son western inédit en
France, Cippola Colt.

Franco Nero dans Keoma. |
En
1976, il réalise Kéoma
un genre de remake du chef d’œuvre de Sergio
Corbucci, Django.
Castellari confie le rôle principal
à Franco Néro dans le rôle
d’un cavalier solitaire et mélancolique,
une sorte d’antihéros christique aux allures
hippies reflet de la société d’alors.
Ce western remet en scène les codes narratifs
du genre, ce dernier ayant définitivement
été épuisé, écrasé
par le poids de ses propres excès, les
thèmes dramatico-épiques alliés
à la décontraction et aux allures
tonitruantes et patibulaires de ses héros.
Véritable hommage nostalgique au genre
dans toute sa splendeur, ce film se pose en témoin
d’une époque éteinte. Un climat
onirique, qui n’est pas sans rappeler son modèle
le grand Django, un héros
qui ne l’ai que par la prise de position qu’il
prend par rapport à une injustice, dans
ce cas une femme lâchement maltraitée
par des voyous sans aucune morale. Film jusqu’au-boutiste,
violent, accompagné d’une musique tonitruante
très seventies signé des frères
De Angelis, un thème chanté
qui rappelle la voix sirupeuse et roque de Kate
Busch, ce Kéoma est
un peu le chant du cygne d’un genre à jamais
disparu dans les méandres de ses propres
excès.
L’année suivante Castellari réalisera
Une Poignées de salopards
un film de guerre dans le genre du 12
salopards d’Aldrich avec des
tronches inoubliables du cinéma d’exploitation
européen, Fred Williamson, Bo
Svenson, Donald O’Brien et même
l’acteur français aux grandes oreilles
Michel Constantin. Quentin Tarantino
a racheté les droit de ce film pour en
faire un remake très axé style Le
Bon, La Brute et Le Truand, selon ses
propres dires… vivement !
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Les
réalisateurs italiens se sont souvent inspirés
des grands succès et s’en sont à
leur manière démarqués, apportant
leur style dramatico-comique hérité
de la Comedia Dell’Arte. Lorsque George Miller
délivra l’ultra-violent Mad Max
et sa suite délirante, les réalisateurs
transalpins s’engouffrèrent dans la brèche,
délivrant des tonnes de sous-produits pour
le meilleur et surtout pour le pire. Enzo
G. Castellari ne fut pas en reste, il réalisa
plusieurs films dans le genre, les plutôt
sympathiques Les Guerriers du Bronx
et sa suite, Les Nouveaux Barbares
et autres Light Blast. Encore
une fois son savoir-faire et sa maestria dans
le domaine de l’action fera oublier un manque
évident de moyen et donnera à ces
œuvres une véritable allure. Les
Guerriers du Bronx est devenu aujourd’hui
une œuvre culte pour quelques agités du
bocal dont je fais partie… (nddré
: je lève la main..!..)
Après avoir co-réalisé un
triste Sinbad avec l’acteur Lou
Ferrigno (l’homme vert qui possède
la plus grande garde-robe de tout le continent
nord-américain, vous voyez de qui je veux
parler ?), il passera à la télévision
pour une série policière avec les
acteurs Bud Spencer et Philip Michael
Thomas (ex Miami Vice).
En
1993, fidèle à son image de copieur
génial, il tentera une dernière
fois de restaurer le western sauce européenne,
en imitant le Danse avec les loups
de Kevin Costner, avec Jonathan
degli orsi. Franco Néro
prend une nouvelle fois le rôle principal
dans ce western écolo toujours inédit
en France, dont Jean-Pierre Dionnet et
Jean-François Giré (auteur
de l’excellent ouvrage Il Etait Une Fois
Le Western Européen) disent le
plus grand bien.
Il finit par retourner à la télévision
et met en scène quelques téléfilms
d’aventure.
Ce que l’on retiendra de ce réalisateur,
toujours en activité, c’est une grande
capacité à faire oublier par sa
grande maestria les faibles moyens mis à
sa disposition, une véritable maîtrise
dans le domaine de l’action et un savoir-faire
unique faisant passer le bis dans une dimension
quasi-auteurisante de par un esthétisme
hérité des maîtres italiens
Bava et Fredda et par une maestria
encore aujourd’hui reconnue.
Dr.
Western
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