I
Giorni Dell’Ira
Italie/Allemagne - 1967
Réalisateur : Tonino
Valerii
Interprètes : Lee
Van Cleef (Talby), Giuliano
Gemma (Scott), Walter Rilla (Murph), Yvonne Sanson
(Vivien Skill), Ennio Balbo, Andrea Bosic, José
"Pépé" Calvo…
Producteur : Enrico Chroscicki
et Alfonso Sansone
Scénario : Ernesto Gastaldi,
Renzo Genta et Tonino
Valerii
Musique : Riz Ortolani
L’HISTOIRE
Scott (Giuliano Gemma), surnommé
le bâtard, est le souffre-douleur des habitants
de Clifton. Chargé des plus basses tâches,
il subit sans arrêt les quolibets et le mépris
des "honnêtes citoyens" de la ville.
Seul, le vieux Murph (Walter Rilla),
ancien shérif de la ville, lui montre de l’attachement.
L’arrivée d’un étrange personnage, Talby
(Lee Van Cleef), va changer la vie du jeune
homme. Fasciné par cet homme, qui prendra sa
défense à plusieurs reprises, Scott
ne cesse dès lors de lui coller aux talons. Talby
finira par céder, il prendra le jeune homme sous
son aile et lui enseignera l’art de tuer.
CRITIQUE

Giuliano Gemma joue
Scott le simplet
|
Second
film de son réalisateur, l’habile Tonino
Valerii, futur réalisateur de l’excellent
Mon Nom Est Personne, ce Dernier
Jour De La Colère est un très
bon western avec une thématique tout à
fait passionnante.
Le
duo Lee Van Cleef / Giuliano Gemma,
dans le registre maître / élève,
fonctionne à merveille. Lee Van Cleef
est parfait dans le rôle de l’éducateur
vieillissant qui désire céder son héritage
de tueur en manipulant la conscience puérile
de son jeune apprenti. En vérité, sa manigance
cache un désir de gérer sa propre survie,
se sentant vieillir et moins sûr de lui, il cherche
un tireur habile susceptible d’assurer sa sécurité.
Ceci est d’ailleurs sont unique but.
Loin
de ces considérations calculées, le jeune
Scott, jeune Candide à qui Giuliano
Gemma et son jeu décontracté prête
ses traits, est tout d’abord en admiration devant cet
homme qui est un peu le père qu’il n’a pas eu.
Il profitera de l’éducation de ce géniteur,
un apprentissage de manier le colt, et saura utiliser
ces leçons à des fins vengeresses. Les
braves gens qui l’auront jusqu’alors asservi, sauront
payer.
L’apprentissage en question sera à chaque fois
conclu d’un précepte définissant les règles
essentielles de l’art, comme ce dernier qui dit mot
pour mot : "Quand tu as tiré sur un homme,
il faut l’achever, autrement, tôt ou tard, c’est
lui qui te tueras…"

Talby (Lee Van Cleef)
arrive en ville |
Ce
qu’oubliera le maître dans le cheminement éducatif
de son jeune poulain, c’est que ce dernier est muni
d’une conscience et qu’il aura tôt fait, malgré
toute la reconnaissance qu’il éprouve, de se
retourner contre ce père de substitution. L’élève
voudra devenir le maître et achèvera son
enseignement par un parricide.
Considéré
par Sergio Leone, comme son meilleur élève,
Tonino Valerii possède de véritables
qualités de mise en scène. Sachant éviter
l’esbroufe de la surenchère, il est un admirable
directeur d’acteur possédant une bonne utilisation
de l’espace et une conception en tout point remarquable
des scènes d’action, dont une, mémorable,
consistant en un duel à cheval où les
protagonistes doivent charger leur fusil, tout en galopant,
avant de se tirer dessus.

L'un des duels les
plus originaux du genre
|
En
plus d’une façon de faire tout à fait
remarquable, Valerii possède le sens
de la métaphore, on peut en effet penser que
les effets de son scénario découle de
la perception conceptuelle opposant le western italien
à son modèle américain. Le personnage
de Scott est la représentation latine
qui s’est inspiré de son modèle Hollywoodien
vieillissant, il élimine l’incarnation du méchant
dans le western US, et ayant acquis sa propre notoriété,
il peut désormais voler de ses propres ailes.
Le western européen sait ce qu’il doit à
son modèle, mais il est maintenant devenu libre
de ses propres agissements. A noter également
une remarquable partition musicale signée Riz
Ortolani que l’on retrouvera d’ailleurs dans le
Kill Bill de Quentin Tarantino.
Dr
Western
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